Jeux divins
Quand Vénus et Cupidon s’amusent…
Je ne suis pas compliqué comme mec. J’aime mon boulot qui m’emmène aux quatre coins du monde et ma vie de célibataire. Et voilà que je me retrouve naufragé sur une île déserte, coincé avec une rouquine à la langue bien pendue.
Si Althéa m’aide efficacement pour gérer notre survie, elle ne m’apprécie pas du tout. Pourtant, on va devoir se faire confiance, surtout que tout est étrange sur cet îlot, les lieux, le temps, les animaux, et même ce que je ressens.
Mais qu’ai-je fait aux dieux pour mériter ça ?
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Rencontrer mes héros !
Kyle est canadien, ingénieur et solitaire. Enfant précoce et véritable petit génie, il n’a jamais trouvé sa place dans sa famille recomposée. Il adore son job d’ingénieur spécialisé dans les sonars et considère les femmes comme un divertissement. Il admet être un macho et être un vrai connard qui ne se fatigue même pas à retenir le prénom de ses maîtresses d’un soir.
La dernière chose dont il avait besoin était de se retrouver coincé sur une île déserte avec une rousse têtue habillée uniquement d’une minuscule chemise de nuit.
Althéa vient d’être licenciée et ces vacances imprévues tombent à pic pour lui permettre de faire le point sur sa vie et sa carrière de contrôleur de gestion, loin de sa mère qui l’adore, mais l’étouffe. Faire naufrage en pleine nuit et se retrouver à jouer les Vendredi d’un Robinson Canadien grognon car en panne de cigarettes n’était pas du tout prévu à son programme.
L’une des seules choses sur lesquelles ils sont d’accord avec Kyle est que cette île n’a rien de normale et qu’ils pourraient bien avoir atterri au milieu d’un jeu sadique organisé par des dieux qui s’ennuient du haut de l’Olympe…
Extrait – premier contact !
Kyle
Du haut du promontoire, je vois la fille s’approcher. Quand elle remarque ma présence au-dessus d’elle, je lui fais signe de contourner le mur de basalte par la droite. En temps normal, j’aurais crié pour lui donner les indications, mais ma gorge me brûle presque autant que mes yeux, et cela malgré l’eau que je viens de boire.
En vacillant, elle parvient à l’endroit où les pierres forment un escalier naturel qui permet d’accéder à la plateforme où je me trouve. Celle-ci se situe à cinq mètres au-dessus du niveau de la plage.
Je l’attends en haut des marches quand je réalise que je ne connais même pas son prénom. Je tends la main pour l’aider à franchir le dernier rocher tout en annonçant :
— Kyle.
— Althéa, me répond-elle en se redressant et en frottant ses paumes sableuses sur sa nuisette.
Moi Tarzan, toi Jane.
Mais je m’abstiens. Elle risque de ne pas apprécier l’humour, l’instant ne s’y prêtant pas vraiment… On est dans la panade.
___
Althéa
J’observe l’endroit où je viens de me hisser.
C’est une plateforme naturelle qui doit mesurer une trentaine de mètres de long sur une dizaine de mètres de large, au pied d’une paroi infranchissable d’une cinquantaine de mètres de haut.
Quand je me retourne, je découvre que nous dominons la crique, la plage de sable blanc et ses palmiers. C’est un vrai paysage de carte postale qui serait un plaisir à admirer, si je n’avais pas le soleil dans l’œil sans lunettes noires, et qu’il fallait que je me mette d’urgence à l’ombre. J’ai l’impression que ma peau est en train de rissoler. Je repousse en arrière mes cheveux que le vent ne cesse de me rabattre dans la figure.
Kyle – puisqu’il s’appelle Kyle – me fait signe de le suivre vers un bosquet très dense à l’extrémité de la plateforme.
— Come with me !
Je suis prise d’un horrible doute.
— Vous parlez français ?
Je le vois raidir les épaules et je l’entends marmonner un « No » étrangement brusque.
Seigneur, il ne manquait plus que cela !
Mon anglais est scolaire et, à cet instant, je n’ai pas envie de faire le moindre effort. J’essaie de me raisonner, cet homme m’a sauvé la vie cette nuit, mais le visage triste et blessé de Carmela me revient comme un avertissement.
Kyle me guide jusqu’à un passage entre la paroi rocheuse et les arbustes touffus et piquants. Nous nous faufilons. Je soupire de soulagement d’être enfin à l’abri du soleil. Je dois serrer les dents pour continuer d’avancer tant mes muscles hurlent. Je suis allée aux limites de mes forces. Ça m’énerve de l’admettre, je ne m’en serais sans doute pas sortie sans l’aide de ce mec.
Kyle s’immobilise et me désigne deux énormes blocs de basalte noir entre lesquels coule un filet d’eau. À cette vue, je manque de m’étouffer de joie. Je me précipite. Je rince sommairement mes mains couvertes de sable et de sel avant de les mettre en creux et de boire goulûment. À la dixième gorgée, mon compagnon de galère tape sur mon épaule.
— Stop ! We will be sick. Take your time. Je me dégage d’un geste trop brusque qui me vaut un coup d’œil chargé d’incompréhension. C’est seulement à cet instant que je réalise que ce type a les yeux encore plus bleus que le ciel au-dessus de nous.
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Pauline Libersart 